MANIFESTE - Ou comment j'envisage le voyage

Temple hindouiste de Batu - Kualar Lumpur - Malaisie

Cérémonie dans le Temple de la Relique de la dent de Bouddha Singapour

Prière clochette au Wat Po Bangkok

Offrande d'orchidées dans un temple bouddhiste - Bangkok - Thaïlande

Entre se payer des vacances de rêve tout organisées dans des hôtels de luxe de stations balnéaires réputées partout dans le monde, et se promener au cœur du pays et dormir chez l’habitant, il y a une différence qui tient autant du goût du voyage, du style de vie, que de l’argent dont on peut disposer.

Voyager, c’est cher : les transports, les hébergements, les visites, les divers à-côté, ça finit par allonger la note. Le prix de la nourriture est rarement un problème, parce que si vous restiez chez vous, vous dépenseriez autant si ce n’est plus.

Et si vous avez un niveau de vie moyen ou important, il est toujours possible de voyager. Je connais des gens qui ne travaillent pas, n’ont pas beaucoup d’économies, et qui font des rencontres extraordinaires partout dans le monde. Ils donnent à louer leur appartement, vendent leurs objets personnels dont ils se défont car ils ne sont plus accrocs au matérialisme.

Et de toutes façons, même si vous n’êtes pas très argenté, aller de Paris en Belgique en car pour un petit séjour est toujours envisageable. Dépaysement garanti. On peut profiter des promotions, des prix aux horaires hors pointes, tout est à étudier.

Mais sachez une chose, plus vous disposez d’argent, et non seulement ce sera facile, mais en plus, vous serez moins vulnérable. S’il vous arrive un problème, une carte de paiement bien remplie pourra vous sortir de n’importe quelle galère.

Si ce n’est pas le cas, préparez bien le voyage, comptez tout, et sécurisez un maximum.

 

Les voyages, c’est fatiguant, il y a les aléas climatiques (45 degrés avec un taux d’humidité de 90 % en Malaisie, ce n’est pas ce que je préfère), les moustiques, (parce qu’ils piquent et transmettent toutes sortes d’infections ou de maladies), les arnaques, les risques de toutes sortes, les lenteurs diverses et variées.

Mais on ne peut pas dire qu’il y a du danger, pourvu qu’on prenne des précautions.

 

Dans un premier temps, regarder au niveau du ministère des affaires étrangères les pages dédiées au pays que vous souhaitez visiter. Notre ministère n’étant pas spécialement performant, la page datera sans doute de quelques années. Dans ce cas, c’est bon signe, c’est probablement qu’il ne s’y passe rien de négatif.

Les livres guides (privilégier le Routard, mais le Petit Fûté et Lonely Planet sont OK, et il y en a sûrement d’autres) les plus récents, et leurs sites, permettent de se faire une idée des risques du pays : les régions à éviter sont spécifiées.

Et si aucun guide ne parle du pays que vous voulez visiter, sachez que ça va être dur et coûteux. En bref, essayer d’éviter d’y voyager : infrastructure hôtelière minimum, risque accru de corruption, déplacements compliqués, pas de quartier « routard » dans les grandes villes qui vous font accéder à des besoins et des plaisirs typiquement occidentaux), nourriture et eau pas très saines...

 

Sur votre vie entière, tous les pays peuvent s’ouvrir aux voyageurs, ou se refermer. Une destination très prisée peut d’un mois sur l’autre devenir une galère, ou carrément déconseillée. Ou des nouveautés politiques peuvent faciliter le tourisme alors que ce n'était plus le cas.

D’ailleurs, vous pourrez être en première ligne, lors d’un voyage que vous pensiez être planplan, de circonstances historiques exceptionnelles.

Par exemple, en 2011, je suis allée passer une semaine en Tunisie (voir les conseils hébergement) au moment de la révolution tunisienne (enfin feue la révolution tunisienne). Je dois reconnaître que je savais que quelque chose se préparait, et que j’ai pris le risque.

Moi qui avais sillonné ce pays région par région depuis les années 80, et qui avais vu comment les Tunisiens étaient de plus en plus réticents à parler de politique, et je voyais bien que c’était par peur de la répression, j’ai vu la parole se libérer, les grandes bannières vantant Ben Ali être arrachées, les boutiques privées de ces photos du Leader Massimo plein d’onction et d’hypocrisie qui « protégeaient » les vendeurs.

Je n’en croyais pas mes yeux ni mes oreilles.

En rentrant en France, j’ai dit à tout le monde que Ben Ali n’allait pas passer l’année au pouvoir. Le jeudi suivant, il était chassé et s’enfuyait avec toute sa famille.

De toutes façons, dans les pays ouverts, tout peut arriver, le meilleur comme le pire, mais la probabilité pour que le pire arrive est très faible.

 

Si vous ne voulez pas prendre de risques, et si vous ne voulez pas de désagréments, les documentaires sur les pays, à la télévision ou sur internet, sont faits pour vous.

N’oubliez pas que ces reportages ne montrent que la beauté et le pittoresque. Tout voyageur, moi là première, journaliste ou documentaliste, évitera de filmer ou de photographier la misère, les maisons écroulées après un tremblement de terre qui date de trois ans, les failles au cœur des habitants, leur difficulté à s’approvisionner….

On n’agit pas ainsi pour exhiber de belles images et pour narguer les autres, on le fait par respect pour les habitants, parce que les images tuent ou magnifient, et d’après moi, nous sommes tous sur terre pour témoigner de sa splendeur et non du malheur du monde, même si on ne peut rien oublier… Le malheur est éphémère, mais la beauté est éternelle.

Une autre solution simple est de prendre des croisières ou des séjours tout faits où on vous enverra faire des excursions où des magasins conseillés par le guide vous délesteront de vos précieux euros contre des objets typiques Made In China. Vous aurez alors les moyens de ne rien voir, rien entendre, rien comprendre. Alors, vous aurez « fait » (étrange vocabulaire, en quoi vous « feriez ce pays ? ») la Thaïlande, le Maroc, le Japon….. et vous serez contents.

 

Pourquoi pas ? Si c’est votre choix.

Mais c’est du tourisme, pas du voyage…

Et personne n’est obligé ni de voyager, ni de tourister… Et une semaine ou un mois de votre vie où vous êtes quelque part, ailleurs, ça peut être super… Profitez-en.

 

Le voyageur, ce n’est pas un touriste. C’est quelqu’un qui veut voir, ressentir, comprendre. Même si parfois la réalité vous fait de bons coups de putes.

 

Évidemment, si vous voyagez vraiment, vous aurez l'occasion, seul-e ou en duo ou en groupe, de blues gigantesques....

Parfois, les seules personnes avec qui vous échangerez seront des rabatteurs ou des arnaqueurs qui s'accrocheront à vous comme les moules à leur rocher, vous insulteront si vous les virez (c'est rare mais ça arrive).

Mais avec le temps, on s'habitue