LES ARNAQUES

 

Elles sont légion, partout dans le monde, mais peuvent atteindre des sommets dans certains pays. Les principales cibles sont évidemment les personnes se baladant hors circuits touristiques commerciaux car ils sont plus accessibles, les guides et organisateurs, isolant leurs clients pour les protéger, mais également pour réserver cette clientèle à des magasins qui leur verseront des commissions.

A ce propos, venons-en spécifiquement aux rabatteurs.

Les rabatteurs sont un secret de polichinelle dans la mesure où dans les pays en transition, tout le monde sait qu’ils existent, mais dans les pays riches, on ignore souvent tout de ces pratiques.

Un rabatteur est une personne qui va vous inciter à rentrer dans une boutique, et une fois que vous aurez acheté ou consommé dans un café ou un restaurant, percevra une commission sur ce que vous avez acheté.

Si c’est un vendeur à la porte de la boutique, vous n’aurez aucune illusion.

Mais par contre, la méthode peut être plus sophistiquée et plus pernicieuse . Par exemple, quelqu’un vous accoste et fait ami-ami avec vous, et à un moment de la conversation, il vous propose d’aller visiter un site touristique un peu plus loin. Vous y allez avec lui (très peu de femmes rabattent), comme par hasard, il va vous proposer d’entrer dans une boutique. Et là, si vous achetez, il se signalera auprès du caissier, et viendra récupérer sa commission plus tard. Puis il vous quitte et va chercher un autre pigeon.

Cette technique est très répandue dans la vente de tapis, par exemple, partout dans les pays musulmans, mais pas que.

Un bon rabatteur gagnant beaucoup d’argent, ils peuvent être très respectés dans leur pays. C’est ce qu’on dit des rabatteurs turcs.

 

Le meilleur moyen de les repousser est de ne pas leur répondre. Si quelqu’un vous adresse la parole sans raison précise, et sans demande de votre part, à part au Mexique, en Thaïlande ou au Népal, où les gens adorent les étrangers, méfiez-vous.

Dans beaucoup de pays, il existe une police touristique, les livres guides en font mention

Parfois, quand vous serez dans une situation embarrassante avec des rabatteurs ou des escrocs, n'hésitez pas à dire que vous allez voir la police touristique. Je ne l'ai utilisé que deux fois, mais ça a été très efficace.

 

UNE HISTOIRE ! UNE HISTOIRE ! UNE HISTOIRE !

Voilà donc l’une des arnaques que j’ai constatée en Égypte.

En croisière, que je vous recommande grandement, car toute la splendeur de l’Égypte y apparaît. Une excursion à Assouan pour voir un monument super intéressant. Le guide, veut nous emmener dans une boutique de souvenirs de luxe. Je ne suis pas passionnée, mais j’ai repéré à côté une boutique qui vend des flacons qui contiennent tout l’envoûtement de l’orient, et je vais en acheter, c’est ça que je cherchais.

En revenant au car, l’essentiel du groupe étant encore dans la première boutique, je flâne un peu dans la rue. Et là un jeune Egyptien, avec un tee-shirt rose délavé avec des trous, me propose des papyrus peints. Je regarde mais ça ne me plaît pas.

Il me demande alors, en anglais : « J’ai des euros en pièces, mais je ne peux pas les changer, est-ce que vous avez un billet de 10 € contre 5 pièces de 2 € ? »

J’en ai justement 5. Je me souviens que le guide nous a dit de ne pas faire de change, garantie d’arnaque, mais pourquoi pas ? Je peux voir de quelle arnaque il s’agit, je suis curieuse de nature.

Nous faisons l’échange et je retourne à l’air conditionné du car. Et à un moment, je regarde dans mon porte-monnaie. Et là, il n’y a que quatre pièces de 2 €.

Je redescends du car, il est encore là. Et je lui dis qu’il m’a piqué une pièce de 2 €.

Il reconnaît. Me tend la pièce supplémentaire, qu’il met dans mon porte-monnaie ouvert, et je repars vers la porte du car, mais pour plus de sécurité, je regarde une nouvelle fois dans mon porte-monnaie. Et le croirez-vous ? Quatre pièces. Je me retourne et lui dis :

« Désolée, je ne paye pas pour des tours de magie ! Je veux mes 10 euros. Point ! »

Il finit par me les donner, et je constaterai dans le car que j’en ai bien cinq.

Mais il fait ce que font les arnaqueurs égyptiens quand ils se font pincer : Il me tend la main et je la lui prends :

« Sans rancune! » dit-il

« Mmmhhh »

A mon retour dans le car, les personnes qui ont assisté à la « conversation » à travers les vitres du car me demandent ce qui s’est passé. J’explique les évènements.

Une femme est estomaquée en disant « Jamais je n’aurais osé descendre lui demander des comptes, j’aurais eu trop peur ! »

Et les six ou sept autres d’acquiescer. « Vous êtes courageuse ! »

Je suis toujours stupéfaite par mon courage dont me parlent les gens autour de moi. Je n’ai fait qu’aller lui demander une pièce de 2 €, et j’ai fini par l’avoir.

Le soir même, après le dîner dans le bateau, je sors pour aller me promener à Assouan.

Je suis sur la passerelle, et j’entends appeler mon nom.

Je regarde, et de l’autre côté de la route, il se trouve deux jeunes super bien sapés, veste et pantalon de cuir, et c’est l’un d’eux qui me hèle, en oubliant une syllabe, mais c’est habituel chez les locuteurs arabes qui ne peuvent pas trop prononcer certaines voyelles.

Il ne me semble pas le connaître, mais en me rapprochant, je peux voir qu’il s’agit de mon magicien des euros. En mode jeunesse dorée, bien habillé, et avec une coiffure avec une vague exquise.

Un énorme changement par rapport à ses vêtements de travail qui faisaient de lui un miséreux.

« Comment ça va ? »

« Humm ! Bien ! »

« Tu sais que mon cousin a une boutique qui te fera des prix super intéressants ? Je t’emmène ! »

Et il me montre une superbe moto, qu’il enfourche après que je lui aie dit « Non », tandis que son ami s’assoit derrière lui.

Ils me font de grands signes d’amitié en partant.

Plus tard, je discuterai de ses livres avec un marchand sur un étal : ses livres, qui étaient décorées de dessins de roses magnifiques, contenaient des versets du Coran, évidemment en caractères arabes.

 

Souvent, je regrette de ne pas en avoir acheté un. C’est le genre de regret qu’on a en voyage.